Il y a quelques jours disparaissait une des plus grandes figures françaises de l’architecture du paysage : Michel Corajoud.
Il fut un praticien de renom et un enseignant de valeur. Dans ce domaine, il a dispensé son savoir au sein de plusieurs grandes écoles, dont la fameuse «Ecole nationale supérieure du paysage» installée à Versailles – lieu prédestiné pour cette discipline. Il a également fait une escale remarquée dans notre région puisque, de 1999 à 2002, il est intervenu comme professeur invité dans l’ancien Institut d’architecture de l’université de Genève.
Mais au delà de ce parcours remarquable, on doit se remémorer la portée de cette «école française du paysage», qui a émergé à la fin des années quatre-vingt, sous sa tutelle, mais aussi celle d’autres grands noms comme Gilles Clément, Michel Desvigne, Christine Dalnoky ou encore Alexandre Chemetov. A Genève encore, l’ancienne Haute école spécialisée (HES) a, dans cette optique, revu son plan d’étude et y a associé la branche du paysage, dont elle intègre le nom dans sa nouvelle dénomination : Haute école du paysage, de l’ingénierie et de l’architecture (HEPIA).
Michel Corajoud a déplacé l’intérêt que portaient ses confrères de l’époque – «faire du jardin» – dans des sphères plus génératrices de sens : la ville, l’architecture et le grand paysage. Avec lui les architectes paysagistes n’ont jamais été aussi présents dans leur apport quant à la définition des «aménagements extérieurs». Sous son influence, les espaces deviennent des «paysages»: aussi bien lorsqu’ils concernent l’environnement immédiat d’un bâtiment, ou qu’ils s’appliquent à une portion de territoire. Les jardins, les places, les routes ou même les toitures des édifices sont devenus des espaces de liberté pour les architectes-paysagistes.
L’importance de l’influence des «écoles du paysage» sur le monde bâti ressort de cette même période. Dans cette approche, la connaissance de la géographie d’un lieu devient autant un atout que celle de la botanique des essences végétales. Pour tout cela le monde de la conception du territoire lui est infiniment redevable.
La légende urbaine, déjà en route, dit qu’il s’est éteint, à l’âge de 77 ans, dans son propre jardin, alors qu’il se rendait à pied à son bureau. Une fin de vie à l’image de celle qu’il a dédié à la mise en valeur du paysage au service de la ville et de l’architecture.
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PS: ce blog a été publié la première fois sur la plateforme de l’hebdo.ch